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INTERVIEW - JULIEN RÉVAH, GENERAL MANAGER D'AIRELLES CHÂTEAU DE VERSAILLES, LE GRAND CONTRÔLE : « NOUS NE SOMMES PAS UN HÔTEL, MAIS UNE MAISON OÙ CHAQUE DÉTAIL CRÉE UNE EXPÉRIENCE UNIQUE » (France)

À Versailles, Julien Révah crée un univers où luxe, histoire et immersion se conjuguent, révélant sa vision du management et de l'expérience client.

Category: Europe - France - Industry economy - Interviews and portraits - Renovation / Addition - Interviews - Industry leaders
Interview made by Romane Le Royer on Monday 29 September 2025


Julien Révah, directeur général d'Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle

Julien Révah, directeur général d'Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle
Photo credit © Thomas Chéné / Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle


Julien Révah a commencé son parcours par des études scientifiques et médicales, avant de se réorienter vers l’hôtellerie, convaincu que l’humain devait rester au cœur de son métier. Pour se former rapidement, il entreprend un BTS en apprentissage, qui lui permet de découvrir concrètement le fonctionnement des hôtels de luxe et de développer ses premières compétences opérationnelles. Ses débuts incluent des expériences au Prince de Galles et au Renaissance Paris La Défense, où il explore tous les métiers de l’hôtellerie, du front desk à la housekeeping, en passant par la comptabilité et les ventes, renforçant ainsi sa compréhension globale du secteur.

Fort de cette expérience, il rejoint le groupe Marriott aux États-Unis en 2000, où il se forme aux standards internationaux et à la gestion d’équipes multiculturelles dans des environnements exigeants. De retour en France, il enchaîne les missions dans différents hôtels parisiens et participe à plusieurs ouvertures, occupant des postes de direction opérationnelle au sein des hôtels Walt et Marquis de 2005 à 2008. Ces expériences lui permettent d’affiner sa vision de l’hôtellerie de luxe, centrée sur la qualité du service et l’expérience client.

En décembre 2009, il devient directeur général de l’hôtel « L’Hôtel », où il supervise une équipe de presque 40 personnes et pilote l’ensemble des opérations, du bar au restaurant gastronomique. Pendant plus de neuf ans, il consolide sa philosophie du management et du service, mêlant exigence, créativité et proximité avec les équipes.

En avril 2019, il rejoint Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle, en tant que General Manager. Il orchestre la création d’un hôtel unique au sein du domaine historique du château de Versailles, imaginant une expérience immersive où patrimoine, gastronomie et service sur mesure se conjuguent avec raffinement. Sous sa direction, le Grand Contrôle devient une référence de l’hôtellerie de prestige en France, alliant innovation, rigueur opérationnelle et attention constante aux équipes et aux clients.

Journal des Palaces : Vous êtes arrivés en 2019, deux ans avant l’ouverture. Les grandes lignes de l’hôtel étaient-elles déjà écrites ?

Julien Révah : Non. Et c’est ce qui a rendu cette aventure extraordinaire, c’est la possibilité de tout imaginer et de tout construire. Avec mes équipes et la direction générale de l’époque, nous avons conçu le projet dans son intégralité. Nous savions que nous disposerions d’un hôtel remarquable, d’un véritable écrin, et nous avons choisi de développer des expériences en lien avec le XVIIIe siècle. Ce n’était pas une obligation, mais une volonté forte. Le château ne nous impose rien. Nous souhaitions toutefois offrir une immersion totale et aller jusqu’au bout de cette démarche.

Dans l’hôtellerie, de nombreuses expériences séduisent par leur idée, mais elles ne vont pas au bout de l’histoire. Nous avons pris le parti inverse, animés par l’énergie de notre propriétaire : donner une cohérence complète à chaque détail.

Ces années de travaux et de préparation ont été passionnantes. Elles ont permis d’élaborer les expériences, de nouer un partenariat et de bâtir une relation solide avec le château de Versailles. Lorsque j’ai pris mes fonctions en 2019, il n’était pas possible d’accéder au château en dehors des horaires classiques. Il fallait rendre cette expérience possible. Progressivement, nous y sommes parvenus. Le pari a été tenu.

Quel bilan tirez-vous de quatre années d’ouverture et plus de six ans à la tête de l’hôtel ? Comment analysez-vous cette période ?

Je considère que c’est une belle réussite. Nous avons su analyser correctement le lieu dans lequel nous nous inscrivions. Situés dans un domaine public, il fallait avancer à pas feutrés, sans ostentation. Cette approche a permis de bâtir une relation exceptionnelle avec le château de Versailles et d’ancrer durablement notre projet dans son environnement.

Aujourd’hui, chacun sait qu’il existe un hôtel dans l’enceinte du château de Versailles, ce qui paraissait inimaginable en 2019. À l’époque, beaucoup pensaient que le patrimoine allait être racheté par des fonds étrangers. Il a donc fallu rassurer, expliquer que nous étions là pour accueillir le public, et notamment les Versaillais, très attachés à leur château.

Le bilan, c’est aussi une émotion inédite suscitée chez nos clients. J’étais loin d’imaginer à quel point ce lieu, sa localisation et l’engagement de nos équipes pouvaient toucher.

Certains clients sont profondément touchés en réalisant qu’ils séjournent dans le château de Versailles. Pour les Américains notamment, le lieu est extrêmement puissant, nourri par l’imaginaire des films et des scènes mythiques. Ils cherchent à revivre cet univers à travers les expériences que nous proposons, les bals masqués du 31 décembre ou encore les grands événements organisés par le château.

J’ai été étonné de l’engouement pour ce classicisme et de la façon dont il a fallu l’intégrer au XXIe siècle. La question des uniformes en est un exemple : nous ne souhaitions pas créer d’anachronisme avec des tenues contemporaines. Nous avons donc fait le choix du costume classique, en cohérence avec le décor du XVIIIe siècle. Ces costumes aident les équipes à entrer dans leur rôle, comme au théâtre. Le parallèle avec Molière et le développement des arts à Versailles m’a beaucoup inspiré, d’ailleurs, nous utilisons régulièrement des techniques théâtrales dans la formation des équipes.

Comment définiriez-vous l’expérience que vous proposez à vos clients ?

Je n’aime pas parler de « prestation hôtelière ». Chez Airelles, nous ne nous considérons pas nos établissements comme des hôtels, mais comme des maisons. Des maisons avec un grand M : des lieux où l’on accueille avec générosité et chaleur, comme si nous recevions les clients chez nous.

Nos clients reviennent régulièrement, certains deux fois par an depuis l’ouverture. Ils savent qu’ils trouvent ici un lieu extraordinaire, un service sincère, jamais ostentatoire.

Nous disposons de 13 clés et de plus de 130 collaborateurs. Ce ratio, inédit, correspond précisément aux attentes de notre clientèle : privilégier l’expérience plutôt que la simple prestation hôtelière. Nous tenons régulièrement des réunions pour inventer et renouveler les expériences. C’est une véritable dynamique collective qui motive à la fois nos équipes et nos clients.

Depuis l’ouverture en 2021, avez-vous fait évoluer certaines choses, notamment après la première année, parce que cela pouvait mieux fonctionner différemment ?

La plus grande évolution concerne la restauration. Nous sommes en co-actionnariat avec Alain Ducasse, qui est très impliqué et signe l’ensemble des menus, du petit-déjeuner au dîner. Nous avons créé un dîner que nous appelons le « Festin Royal » : un menu unique qui réinterprète les grands classiques de la gastronomie du XVIIIe siècle. L’idée était de recréer l’atmosphère d’un dîner royal à Versailles, mais avec une cuisine contemporaine.

Très vite, nous avons voulu rendre cette expérience encore plus immersive. Nous l’avons donc enrichie avec une véritable scénographie : l’accueil est ritualisé, les convives dînent au même rythme et bénéficient d’une mise en scène raffinée

Cet équilibre entre une expérience inédite et un dîner qui reste gastronomique est délicat à trouver, mais nous y parvenons. Le Festin Royal évolue quatre fois par an pour accompagner le changement de menu. Nous y associons parfois des grandes tables, des musiciens ou des décors floraux spectaculaires.

Au-delà de la restauration, nous cherchons constamment à offrir des expériences inédites. Les clients ne veulent plus faire la queue ou se contenter d’un confort hôtelier classique : ils souhaitent accéder à des lieux ou des événements de manière exclusive.

Par exemple, nous accueillons de plus en plus de familles sur des séjours de moyenne durée. Nous avons développé des activités adaptées : initiation à la fauconnerie, combat à l’épée avec un maître d’armes en costume, équitation dans le domaine de Versailles. Nous avons également conçu des expériences pour les enfants et même des moments insolites comme « un thé avec Marie-Antoinette ».

Le costume fait partie également de ces propositions. Nous louons des tenues de grande qualité, utilisées dans des productions cinématographiques, avec perruquier et maquilleur pour transformer nos clients en véritables personnages historiques. Certains clients veulent vivre pleinement l’expérience et aller au bout de l’idée.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’expérience historique que vous proposez et les besoins d’une clientèle moderne, qui souhaite à la fois aller au bout de l’immersion et bénéficier d’un confort contemporain ?

Notre clientèle est exigeante. Elle attend à la fois un service d’excellence et une qualité de confort irréprochable. Le Grand Contrôle est un hôtel de luxe : tout y est prévu pour assurer cela. Le bâtiment est climatisé, chaque détail est soigné, mais nous avons, par exemple, fait le choix de ne pas installer de télévisions dans les chambres.

Si un client en fait la demande, nous pouvons bien sûr en installer une très facilement. Mais, depuis l’ouverture, cela n’est arrivé qu’une dizaine de fois. Nos hôtes comprennent parfaitement cette logique.

L’essentiel, c’est que nos clients vivent l’expérience d’un décor historique, authentique. Après la visite du château, lorsqu’ils regagnent leur chambre, ils ont vraiment l’impression de dormir à Versailles. Le confort est bien présent, cependant il sert une expérience inédite à laquelle nos clients adhèrent pleinement. Ils nous font confiance, se laissent guider, et recherchent précisément ce décalage avec leur quotidien.

Ils recherchent avant tout un moment de détente, presque philosophique, une parenthèse durant laquelle ils peuvent se recentrer sur eux-mêmes. Dans cet esprit, personne ne se plaint de l’absence de télévision ou de journaux. Au contraire, le lâcher-prise fait désormais partie intégrante de l’expérience, et c’est exactement ce que nous leur offrons.

Cette idée de « lâcher-prise » permet-elle aussi aux clients de se déconnecter d’un contexte extérieur parfois difficile ?

Oui, totalement. Nos séjours ne sont pas des séjours médicaux ni des thérapies, mais ils offrent un cadre privilégié où les clients peuvent déconnecter.

Historiquement, Versailles répondait à cette logique : ayant grandi au Louvre, Louis XIV a choisi de s’installer à Versailles pour sa sécurité et pour la proximité de la nature.

En pratique, ce lâcher-prise se traduit aussi par la découverte de Versailles elle-même. Beaucoup de clients passent auparavant une journée à Paris et ne peuvent voir qu’une partie du château ou des jardins. Lorsqu’ils séjournent deux jours chez nous, ils découvrent pleinement le château et la ville. Ils réalisent alors que Versailles est une destination en soi, à seulement trente minutes de Paris, et non plus une simple excursion depuis la capitale.

Quelles sont, selon vous, les grandes réussites des quatre dernières années ? Quels accomplissements vous rendent particulièrement fier ?

La plus grande réussite, c’est d’avoir contribué à définir ce qu’est aujourd’hui une expérience hôtelière unique. Convaincre les collaborateurs de nous suivre dans cette vision a été un vrai succès.

L’équipe compte 130 collaborateurs et le turnover reste faible. Lors des recrutements, le critère principal reste le savoir être, car le savoir-faire s’acquiert sur place, dans le cadre très particulier de notre Maison. La fierté réside aussi dans cette émulation : ce sont désormais les collaborateurs qui proposent des idées pour améliorer les expériences. Même si je rencontre tous mes clients, c’est l’équipe qui est au contact quotidien et qui initie les ajustements.

Par ailleurs, pour Airelles, c’était un pari audacieux. Transformer un bâtiment public en hôtel de luxe a nécessité vision et organisation. Il n’existe qu’un seul hôtel de ce type au monde, Le Grand Contrôle à Versailles, et c’est une réussite dont nous pouvons être fiers.

Vous avez un personnel spécifiquement dédié à la création de l’expérience client ?

Oui. Au Grand Contrôle, nous avons organisé le service différemment. Nous disposons d’une équipe dédiée à l’expérience client, composée de « butlers », supervisée par un responsable de l’expérience client. Les réceptionnistes se concentrent surtout sur les aspects administratifs de l’accueil et du départ.

Chaque membre de l’équipe peut proposer des idées. Par exemple, le “réveil du roi” reproduit le droit de gratter à la porte des appartements de Louis XV : le butler frappe doucement à la porte, prépare le bain, parfume la chambre, apporte une boisson au lit, ouvre les rideaux et joue de la musique classique avec une lanterne. Les équipes discutent ensuite des détails, comme ajouter des pétales de rose ou des touches inspirées de Marie-Antoinette. L’expérience reste ainsi fidèle à l’histoire et immersive pour les clients.

Y a-t-il des évolutions ou des grandes dates à venir pour l’hôtel, qu’il s’agisse des travaux, des aménagements ou de nouvelles expériences ?

Oui, le Grand Contrôle va passer à une nouvelle étape, dont les travaux sont déjà en cours. Fin 2025, nos clients pourront profiter d’un bâtiment adjacent où sera créé un deuxième restaurant, ouvert le soir à la fois pour la clientèle de l’hôtel et pour la clientèle extérieure. Ce restaurant proposera une cuisine de château plus simple, centrée sur le partage, et sera opéré par les équipes du Grand Contrôle et Ducasse.

Nous aménageons également une suite duplex de trois chambres, pouvant accueillir jusqu’à huit personnes, avec une vue spectaculaire sur le Jardin de l’Orangerie et les Cent marches. Cette offre sera commercialisée comme un pavillon privé sous le nom de « Pavillon des Jardiniers ». L’ouverture est aussi prévue pour la fin d’année.

Comment décririez-vous votre style de management et votre manière d’être présent auprès de vos équipes et de vos clients dans un hôtel de 130 collaborateurs comme le Grand Contrôle, tout en conciliant les attentes des clients et des actionnaires ?

Je me considère très exigeant, d’abord avec moi-même, puis avec mes équipes, mais toujours de manière juste et bienveillante. Il n’y a aucune autocratie : j’aime laisser les idées s’exprimer. Lorsqu’un collaborateur propose une initiative pour enrichir l’expérience client, nous en discutons et, si elle est pertinente, nous la mettons en œuvre.

La taille restreinte de l’hôtel permet une relation plus directe avec les clients. Avec 13 chambres et une quarantaine de clients maximum, il est possible d’être très présent. Quel que soit l’établissement, un directeur général doit rester proche des clients et des collaborateurs.

L’hôtel fonctionne comme un tabouret à trois pieds : clients, collaborateurs et actionnaires. Chacun de ces trois piliers doit être équilibré. Si les collaborateurs manquent de motivation, si les clients ne sont pas satisfaits ou si l’actionnaire n’est pas content, l’ensemble s’effondre. La priorité reste d’assurer un équilibre pour ces trois acteurs.

Un hôtel comme le Grand Contrôle représente aussi une garantie : si cet établissement fonctionne, il sert de référence pour d’autres ouvertures.

Avez-vous des mentors qui vous ont inspiré au début de votre carrière ou qui continuent de vous inspirer aujourd’hui, que ce soit comme manager ou en tant que personne ?

Pas directement. J’ai un peu regretté de ne jamais avoir eu de mentor ni d’avoir été l’adjoint ou le numéro 2 de quelqu’un. Finalement, ce sont mes rencontres, avec des propriétaires, des directeurs ou mes collaborateurs, qui m’ont fait évoluer et grandir.

J’observe beaucoup et j’apprends aussi énormément de mes équipes. J’ai presque 50 ans, tandis que la moyenne d’âge au Grand Contrôle est autour de 25 ans. J’apprends également beaucoup des équipes support au siège. C’est cette diversité de regards et d’expériences qui me nourrit constamment. Je n’ai pas de modèle unique à suivre.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire carrière dans le secteur de l’hôtellerie de luxe ?

Le premier conseil serait de considérer ce métier comme le plus beau du monde. Il faut être courageux et surtout rester soi-même. L’hôtellerie offre une multitude de métiers différents, ce qui est formidable.

Ce n’est pas parce que l’on commence à un poste donné que l’on y restera toute sa carrière. J’ai ici des collaborateurs venus d’horizons très variés : un jardinier du château de Versailles a rejoint les équipes d’Alain Ducasse parce qu’il voulait se tourner vers la cuisine. Des voituriers sont devenus butlers, des stagiaires sont maintenant attachées de direction, et des serveurs sont devenus responsables d’exploitation.

Il ne faut pas s’inquiéter si l’on ne sait pas exactement ce que l’on veut faire dès le départ. L’expérience acquise à travers les stages et les premiers postes permet de se diriger progressivement vers ses ambitions.

On ne devient pas directeur d’hôtel immédiatement après un BTS : c’est un métier d’expérience. On commence en bas et l’on gravit les échelons au fil du temps. J’ai moi-même commencé à 16 ans à l’hôtel Le Meurice, en tant que groom, ce qui fut mon premier contact avec l’hôtellerie.

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Jeune journaliste, Romane s'épanouit dans le secteur de l'hôtellerie de luxe et ultra-luxe et ses lieux exclusifs, mais aussi ses acteurs dont elle apprécie l'excellence, le sens du service et le sourire quotidien.

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