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INTERVIEW - STÉPHANIE RAMBAUD, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU WALDORF ASTORIA VERSAILLES - TRIANON PALACE : « C'EST UN MÉTIER D'EXIGENCE, MAIS IL FAUT AUSSI SAVOIR S'AMUSER » (France)

Stéphanie Rambaud incarne une hôtellerie de luxe où exigence, humanité et expériences uniques se conjuguent pour chaque client.

Catégorie : Europe - France - Économie du secteur - Interviews et portraits - Rénovation ou nouveauté dans un établissement - Interviews
Interview de Romane Le Royer le lundi 20 octobre 2025


Stéphanie Rambaud, directrice générale du Waldorf Astoria Versailles - Trianon Palace

Stéphanie Rambaud, directrice générale du Waldorf Astoria Versailles - Trianon Palace
Crédit photo © Waldorf Astoria Versailles - Trianon Palace


Stéphanie Rambaud découvre l’hôtellerie presque par hasard, en travaillant dans l’hôtel de son oncle, situé dans le Lake District, en Angleterre. Cette première expérience lui révèle un métier où le service et le contact humain occupent une place centrale. Elle y observe les différents services opérationnels, de la réception à la conciergerie, en passant par les réservations et l’organisation de banquets, acquérant ainsi une vision globale du fonctionnement d’un hôtel.

Lorsqu’elle arrive en France il y a plus de vingt-cinq ans, elle choisit de s’orienter vers la fonction commerciale. En 1999, elle rejoint Le Méridien à Paris comme directrice des ventes internes, puis devient directrice commerciale et marketing chez IHG en 2003. Deux ans plus tard, elle intègre les équipes opérationnelles du groupe Hilton, où elle reste près de seize années. Elle y occupe là aussi le poste de directrice commerciale pour la France, avant de prendre la responsabilité de la Méditerranée, puis de l’Europe de l’Ouest et du Sud en tant que directrice régionale des opérations commerciales. Cette progression lui permet de développer une expertise stratégique et une vision internationale de l’hôtellerie de luxe.

En 2021, elle revient sur le terrain, qu’elle qualifie comme son « premier amour », en prenant la direction générale du Waldorf Astoria Versailles - Trianon Palace. Depuis, elle pilote le repositionnement de ce lieu emblématique situé aux portes du château de Versailles, avec une attention particulière portée au développement du loisir et du bien-être.

Le Journal des Palaces a rencontré Stéphanie Rambaud dans son hôtel, au cœur du jardin enchanteur du Waldorf Astoria Versailles Trianon Palace. Elle revient sur son parcours, les apprentissages qui l’ont guidée, sa vision du management et les défis qui animent aujourd’hui le secteur du luxe.

Journal des Palaces : Pourquoi avoir choisi l’hôtellerie, et plus particulièrement l’hôtellerie de luxe ?

Stéphanie Rambaud : J’y ai travaillé un temps et j’ai tout de suite compris que c’était un beau métier. Ce n’était pas une vocation au départ, mais cette expérience m’a donné le goût de l’hôtellerie. Le fait de découvrir différents services m’a permis de comprendre la richesse de ce secteur et m’a donné envie d’y rester.

Qu’est-ce qui vous a attirée dans ce lieu si singulier, à la fois hôtel de luxe, lieu de mémoire, et écrin de nature ?

Pour moi, c’était une évidence. Lorsque j’étais directrice des opérations commerciales pour le groupe Hilton, cet hôtel faisait partie de ma région et j’y avais toujours une attache particulière. C’est un établissement iconique, avec une clientèle unique et une typologie qui me plaisait beaucoup.

Ce qui m’attirait surtout, ce sont les opportunités que je voyais pour son développement : un vrai positionnement sur le loisir, presque comme un resort aux portes de Paris. Le bien-être, la proximité immédiate du château de Versailles, la gastronomie… Autant d’axes qui me semblaient essentiels pour affirmer l’identité de l’hôtel. J’ai eu la chance d’avoir des objectifs et des aspirations partagés avec les propriétaires, qui avaient, eux aussi, la volonté de renforcer ce positionnement loisirs.

En quatre ans de direction, quels ont été vos plus grands défis ?

Le plus grand défi a sans doute été la sortie du Covid. Il a fallu donner un nouvel élan à l’établissement, recréer une énergie collective avec les équipes, et surtout valoriser les talents présents. En parallèle, il y avait le développement de l’expérience client : un axe majeur sur lequel nous avons beaucoup travaillé.

Comment avez-vous justement travaillé sur cette expérience client dans un lieu qui pourrait presque se suffire à lui-même, étant donné la proximité avec le château de Versailles ?

Il faut vraiment regarder les tendances et comprendre ce que la clientèle demande. Nous avons senti qu’il y avait un changement : même les groupes qui viennent pour travailler souhaitent désormais vivre des moments de loisirs. C’est pour cela que nous avons développé des expériences qui dépassent le simple séjour à l’hôtel.

Le Trianon Palace se prête parfaitement à cette double dimension, entre travail et détente. Nous avons tissé de nombreux partenariats dans la région afin de proposer des activités exceptionnelles qui reflètent l’histoire et la culture locales. Cela nous permet de surprendre nos clients et de leur offrir des souvenirs uniques, tout en restant en lien avec l’identité de Versailles. L’idée est que, même si l’hôtel possède déjà un cadre extraordinaire, nous continuons à enrichir leur séjour avec des expériences exclusives, ancrées dans le territoire et adaptées à leurs envies.

Le Trianon Palace est un établissement à l’histoire exceptionnelle. Comment préserver cette mémoire tout en créant une hospitalité contemporaine, et connectée aux attentes d’aujourd’hui ?

Nos clients viennent ici pour ressentir l’élégance et le cachet historique du lieu, mais ils attendent aussi tout ce que propose un hôtel moderne. Il faut donc trouver un équilibre. Nous veillons à conserver l’âme de ce bâtiment du début du siècle dernier tout en offrant des services actuels : un wifi performant, des installations de loisirs comme le tennis, qui est aujourd’hui très tendance, et une partie bien-être avec un spa Guerlain que nous rénovons régulièrement pour rester à la pointe des nouvelles pratiques. L’objectif est que nos hôtes puissent profiter de l’histoire du Trianon tout en bénéficiant du confort et des expériences qu’ils recherchent dans l’hôtellerie de luxe contemporaine.

Sur les quatre années que vous avez passées ici, quel est votre meilleur souvenir ? À quel moment vous êtes-vous rendu compte que cet hôtel avait une magie particulière, que quelque chose se passait vraiment avec ses visiteurs ?

Je dirais que c’est lié aux typologies d’événements que nous accueillons et aux moments magiques qu’ils génèrent. Je pense, par exemple, au Mondial de rugby, quand nous avions l’équipe galloise : c’était un moment fabuleux avec eux. Je pense aussi aux Jeux Olympiques, pendant lesquels nous recevions beaucoup de sportifs. Nous avons eu un invité qui avait remporté deux médailles d’or et qui est arrivé avec ses trophées : c’est ce genre de moments magiques.

Nous avons également, dans le salon Clemenceau, un lieu historique, accueilli la Commission européenne avec tous les chefs d’État. C’est donc un établissement qui vit de grands moments. Avec nos équipes, nous organisons des événements incontournables qui font que l’on ne peut pas passer à côté du Trianon Palace et de Versailles. Cet endroit permet de vivre l’histoire moderne autant que l’histoire passée.

C’est un hôtel fascinant par la diversité de ses hôtes : artistes d’un côté, institutions françaises, européennes et mondiales de l’autre. Contrairement à d’autres établissements de luxe, nous ne sommes pas en plein centre de Paris. Ici, les visiteurs, quel que soit leur profil, viennent pour se détendre, se reposer et profiter de cette ambiance calme et relaxante qu’ils apprécient énormément.

Pour l’hôtel, quels sont les défis à venir dans les prochaines années ?

Je pense que les principaux défis concernent le recrutement, la durabilité et la personnalisation. Notre clientèle attend aujourd’hui une expérience sur mesure, un séjour véritablement conçu pour elle.

La communication est également un enjeu majeur, notamment sa rapidité et son instantanéité entre nos clients et nous. C’est une opportunité de repenser nos méthodes, de valoriser les métiers humains, d’innover et d’offrir un accueil plus authentique, plus humain. Ces défis ne concernent pas seulement notre hôtel, mais s’appliquent à l’hôtellerie de luxe en général.

Dans votre façon de diriger, comment définiriez-vous votre style de management ?

Je pense être une directrice générale qui a confiance en ses équipes et en leurs talents. J’aime leur laisser la prise de décision, tout en restant attentive aux détails et en vérifiant régulièrement que tout se passe bien. Mon style repose donc sur l’autonomie : je sais que je peux leur faire confiance.

Cette confiance est aussi liée à leur ancienneté : beaucoup connaissent parfaitement l’hôtel, ses clients et ses spécificités, ce qui leur permet de prendre des initiatives. Je sais qu’ils ont une vraie passion pour cet hôtel et pour leur métier, et je considère qu’il est essentiel de leur donner les moyens d’agir afin d’assurer la meilleure qualité de service possible pour nos clients.

Quelles sont les grandes dates à venir pour l'hôtel : des aménagements, des travaux sont-ils prévus ?

Nous avons achevé la rénovation complète de notre spa en juin. Par ailleurs, nous avons procédé à la réfection de notre façade, et avons pour projet une grande salle de réunion. Pour cette dernière, nous travaillons actuellement avec un architecte. Ce sont des travaux continus, il n’y a pas de fermeture générale ni de rénovation majeure planifiée : nous restons ouverts toute l’année et les ajustements se font progressivement.

Pour la salle de réunion, nous prévoyons de réaliser les travaux en début d’année, pendant la période plus calme, afin de limiter l’impact sur nos clients.

Quels mentors ou rencontres ont marqué votre trajectoire professionnelle ? Y a-t-il une personne en particulier dont l’influence vous guide encore aujourd’hui ?

Je pourrais donner des noms, mais je préfère parfois parler des influences plutôt que des personnes elles-mêmes. Je vais partager un petit secret : j’ai toujours été passionnée par le ballet, par la danse, par ses aspects de rigueur et d’esthétisme. Ma maîtresse de ballet m’a beaucoup inspirée dans cette exigence, et cela m’a énormément aidée dans l’hôtellerie de luxe.

Sur le plan professionnel, j’ai travaillé avec de nombreuses personnes incroyables. Par exemple, Chris Nassetta, directeur général du groupe Hilton, m’a invitée à une formation à Washington. Écouter son parcours et ses réflexions a été très inspirant. J’ai eu la chance de rencontrer plusieurs personnes clés du groupe Hilton, des dirigeants qui ont mené des carrières exceptionnelles.

Mais il y a aussi tous les directeurs généraux et collègues avec qui j’ai travaillé : chacun m’a apporté quelque chose, que ce soit un conseil, une manière d’être, ou une philosophie de pensée. Toutes ces influences forment un véritable puzzle qui contribue à la personne que je suis aujourd’hui. Je suis toujours en contact avec beaucoup de ces personnes qui m’ont inspirée. Cela reflète bien notre métier, très humain, où le relationnel est primordial.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire carrière dans le secteur de l’hôtellerie de luxe ?

Le premier conseil, c’est l’exigence envers soi-même. Il faut aussi savoir faire confiance aux opportunités, car le parcours n’est pas toujours tout tracé. J’ai exploré différentes voies dans ma carrière, et je pense que ce secteur offre énormément d’opportunités qu’il faut savoir saisir.

C’est un métier d’exigence, avant tout envers soi-même, mais il faut aussi savoir s’amuser. Nous avons la chance d’exercer un métier où l’objectif principal est de faire plaisir aux autres, et c’est ce qui le rend merveilleux. Il faut donc profiter de cette expérience et prendre du plaisir dans ce que l’on fait. Profiter, pour moi, veut dire trouver la satisfaction et la joie dans ce métier qui peut être exceptionnel pour ceux qui le choisissent.

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À propos de l'auteur

Jeune journaliste, Romane s'épanouit dans le secteur de l'hôtellerie de luxe et ultra-luxe et ses lieux exclusifs, mais aussi ses acteurs dont elle apprécie l'excellence, le sens du service et le sourire quotidien.

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