Le Journal des Palaces

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INTERVIEW – NOÉMIE DE DIANOUS ET VANESSA CHOMETTE, FONDATRICES DE BALSAME : « NOS CLIENTS RÉALISENT DES ÉCONOMIES, EN PLUS DE FAIRE UN CHOIX PLUS RESPONSABLE » (France)

Incarnées par deux jeunes femmes passionnées et déterminées à faire évoluer positivement leur environnement, Balsame propose une nouvelle manière d’envisager les fleurs dans le cadre d’un commerce horticole durable et responsable.

INTERVIEW – NOÉMIE DE DIANOUS ET VANESSA CHOMETTE, FONDATRICES DE BALSAME : « NOS CLIENTS RÉALISENT DES ÉCONOMIES, EN PLUS DE FAIRE UN CHOIX PLUS RESPONSABLE » (France)

Incarnées par deux jeunes femmes passionnées et déterminées à faire évoluer positivement leur environnement, Balsame propose une nouvelle manière d’envisager les fleurs dans le cadre d’un commerce horticole durable et responsable.

Catégorie : Europe - France - Interviews - Produits et Fournisseurs - Fournisseurs - Interviews
Interview réalisé par Christopher Buet le 20-04-2023


Qui, en voyant un superbe bouquet dépérir et se flétrir au bout de quelques jours, n’a jamais rêvé de figer le temps et prolonger la vie de ses fleurs ? Une beauté éphémère, trop vite évanouie. Les fleurs séchées ou artificielles font figure de substitut, mais ni les unes ni les autres n’offrent le même spectacle. Dès lors, on se résigne à acheter un bouquet, il perd de sa superbe et finit à la poubelle, bientôt remplacé par un autre dont le sort ne sera guère différent, qu’importe l’attention qu’on lui apporte.

Amoureuses d’horticulture, Noémie de Dianous et Vanessa Chomette ne pouvaient pas se résoudre à ce cycle. Alors, elles ont cherché comment protéger les fleurs et les faire durer dans le temps. Les deux entrepreneuses, passées par ESCP et l’ESSEC, découvrent alors un procédé, encore méconnu : la stabilisation.

De là, naît Balsame, avec la volonté de montrer que le commerce horticole peut marier beauté, raison et responsabilité, dans l’esprit du mouvement « slow flower ». Chez elles, pas de gaspillage, les fleurs sont traitées avec délicatesse puis assemblées pour former des assortiments bariolés jouant du vert des feuillages pour faire ressortir les couleurs éclatantes des roses, hortensias, banksias (fleur emblématique de l’Australie) et autres œillets. Des compositions classiques, mais affranchies des règles naturelles, pour se muer en décoration qui s'inscrit dans la durée, ornant la table de réception ou l’entrée d’un bâtiment.

Pour le Journal des Palaces, les deux pionnières françaises, rencontrées lors du salon Equiphotel en novembre dernier, nous ont dévoilé le pot aux roses et parlent de leur démarche responsable. Une approche qui leur a permis de diviser par trois l’empreinte carbone de leurs bouquets.

Journal des Palaces : Quelle est votre vision du luxe ?
Noémie de Dianous et Vanessa Chomette : Nous pensons que le luxe n'est pas une question de prix, mais d'expérience. Des choses sans prix peuvent incarner l’essence même du luxe : un beau paysage, un silence complet, la délicatesse d'une fleur. Le luxe est le sens du détail poussé à l'extrême.

Quand et pourquoi avoir créé Balsame ?
Nous avons créé Balsame en 2021, alors que la presse parlait beaucoup des conséquences néfastes sur l'environnement de la culture des fleurs fraîches et des dérives liées à leur transport à travers le monde entier et à leur stockage.

Nous nous sommes demandées s'il existait quelque part une alternative suffisamment convaincante pour modifier durablement les habitudes de consommation autour des fleurs fraîches. Notre ambition était de populariser une technique de conservation largement méconnue : la stabilisation.

En quoi consiste exactement votre travail pour obtenir des bouquets stabilisés, qu’il est possible de garder frais au moins un an ?
Le processus de stabilisation, qui n'est pas réalisé en interne, peut se résumer de la manière suivante : les fleurs et feuillages sont cueillis lorsqu’ils ont atteint une taille et une beauté idéales. Leur sève est remplacée par une solution 100 % biodégradable à base de glycérine végétale qui maintient la plante hydratée. Il existe différentes techniques de stabilisation, qui varient selon les espèces à traiter et leurs spécificités.

Nos feuillages sont principalement stabilisés par capillarité : les branches absorbent directement par la tige la solution de stabilisation qui viendra, peu à peu, remplacer la sève de la plante.

Le processus de stabilisation des fleurs est différent et se fait, lui, plutôt par immersion : la tête de la fleur est désolidarisée de sa tige afin de pouvoir mieux absorber la solution de stabilisation. Selon les espèces, certaines tiges peuvent être ensuite rattachées à la tête de la fleur. D'autres moins robustes seront remplacées par du fil de fleuriste.

Le bouquet est ensuite confectionné de la même manière qu'un bouquet de fleurs traditionnel.

Comment avez-vous connu l'existence de ce procédé ?
La stabilisation existe déjà depuis plusieurs dizaines d'années, mais était relativement méconnue et encore assez peu exploitée commercialement. Le besoin de passer à des modes de consommation plus respectueux de l'environnement nous a poussées à croire que le marché était dorénavant prêt à accueillir plus largement les produits tirés de cette innovation.

Quels sont les atouts de vos bouquets pour convaincre les hôtels, habitués aux fleurs « classiques » de travailler avec vous ?
Nos fleurs sont toutes de "vraies" fleurs, c'est-à-dire des fleurs naturelles, qui sont seulement maintenues hydratées sur le long terme. Au lieu d’un bouquet classique qui ne dure que quelques jours, nous proposons ainsi des bouquets qui conservent leur fraîcheur dans le temps et ne fanent qu’au bout d’un an.

En plus d’être durables, nos bouquets ne nécessitent aucun entretien : ils n’ont besoin ni d’eau ni de lumière pour conserver leur belle apparence pendant un an au moins. Cela réduit considérablement le gaspillage. Nos clients réalisent des économies, en plus de faire un choix plus responsable.

Nous proposons des formules d'abonnements où nous venons échanger tous les mois les bouquets pour les clients qui ne souhaitent pas garder leur bouquet toute une année pour conserver un sentiment de variété et de renouvellement (les bouquets repris sont ramenés à l'atelier de Balsame et réutilisés sur d'autres projets, ndlr).

Proposez-vous également des locations pour des évènements (banquets, festivals, mariages...) ?
Nous faisons des locations mais uniquement pour les évènements se déroulant en intérieur, pour une raison simple : nos bouquets n'aiment pas l'eau.

De quoi vous inspirez-vous pour créer ?
Nous nous inspirons principalement de l'univers de nos clients, nous essayons de comprendre ce qu'ils aiment et l'image qu'ils désirent que leur marque véhicule afin de réaliser des créations qui leur ressemblent.

Toutes les espèces de fleurs fraîches ne sont pas stabilisables à ce jour. Nous ne pouvons donc pas travailler l'ensemble des fleurs qui existent chez les fleuristes traditionnels, ce qui nous oblige à être deux fois plus créatives.

Quelles limites imposez-vous à votre inspiration ?
Nous ne nous posons pas de limites en termes d'inspiration. Nous aimons réaliser des choses différentes pour chaque client. Nous travaillons beaucoup sur-mesure et nous nous adaptons à l'image et aux envies de chaque entreprise qui nous contacte.

Quelles sont les exigences des hôtels de luxe avec lesquels vous collaborez en matière de fourniture de fleurs stabilisées ?
La durabilité. Nous sélectionnons scrupuleusement les espèces que nous proposons pour être sûres que nos bouquets restent stables dans le temps et conservent leur bel aspect au moins une année.

Quelle est la création la plus incroyable que vous avez effectuée ?
Une cascade de végétaux en suspension à quatre mètres du sol pour un de nos clients.

Avec quels établissements prestigieux collaborez-vous ?
Parmi nos clients, nous retrouvons : le Victoria Palace, le Louis II, le Tsuba, Okko hôtels, Hôtel Millenium Opéra. Hors hôtels, nous travaillons aussi avec Baccarat, Messika, Lagardère, Westfield, Spa Clemens.

Comment sélectionnez-vous vos fleurs et feuillages ?
La provenance est très importante pour nous et nos clients. Nous nous fournissons au maximum en France et dans les pays limitrophes, à l'exception de certaines espèces de fleurs qui n'y sont pas disponibles. Nous trouvons toujours des utilisations pour nos chutes de végétaux lors de la réalisation des bouquets : toute la matière végétale restante sera réutilisée dans des terrariums, des cloches ou des minibouquets, par exemple. Nous avons très peu de déchets.

Pourquoi est-ce important à vos yeux d’avoir une vraie réflexion écologique sur un tel produit ?
Il y a beaucoup de scandales et de gaspillages autour de l'industrie de la fleur fraîche, que ce soit au niveau de la consommation d'eau extrême, mais aussi du transport et du stockage réfrigéré. Sans compter que les bouquets frais tiennent au maximum sept jours avant de finir à la poubelle.

Nos fleurs et feuillages ne requièrent, eux, aucune condition de transport, stockage ou de distribution réfrigéré. L'empreinte carbone des végétaux stabilisés est en moyenne trois fois inférieure à celle des fleurs fraîches.

Travaillez-vous également à l’international ?
Nous avons des commandes de nos clients existants français pour leurs filiales à l'international, mais ne disposons pas de client 100 % international pour le moment.

Quels sont vos prochains projets de développement ?
Nous voulons davantage développer notre branche décoration florale B2B : végétalisation complète d'espaces, aménagement de vitrines, suspensions florales en hauteur, murs végétaux, etc. Dans le même temps, nous souhaitons continuer à grandir en France, mais également nous ouvrir au reste du marché européen, via notamment une version traduite en anglais de notre boutique en ligne.

A propos de l'auteur

Journaliste aux multiples atouts et voyageur curieux, Christopher a une grande appétence pour les établissements au raffinement soigné, où s’accordent gastronomie de caractère, service impeccable et élégance sincère. Une plume discrète et gourmande au service d’une certaine idée du luxe.


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