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DESIGN - JEAN-PHILIPPE NUEL, ARCHITECTE D'INTÉRIEUR : « UN NOUVEL HÔTEL EST SOUVENT L'OPPORTUNITÉ DE DÉVELOPPER LE DESIGN DE MOBILIER »

À l'intersection du luxe et du lifestyle, Jean-Philippe Nuel excelle aussi bien dans l'agencement d'hôtels et de spas que dans la création d'objets.

DESIGN - JEAN-PHILIPPE NUEL, ARCHITECTE D'INTÉRIEUR : « UN NOUVEL HÔTEL EST SOUVENT L'OPPORTUNITÉ DE DÉVELOPPER LE DESIGN DE MOBILIER »

À l'intersection du luxe et du lifestyle, Jean-Philippe Nuel excelle aussi bien dans l'agencement d'hôtels et de spas que dans la création d'objets.

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Interview de Sonia Taourghi le 21-08-2024


Jean-Philippe Nuel, Architecte d'intérieur

Jean-Philippe Nuel, Architecte d'intérieur
Crédit photo © Eric Cuvillier / Studio Jean-Philippe Nuel

Dans l'architecture d'intérieur hôtelière, il est des noms qui se murmurent à travers de nombreux couloirs prestigieux. Jean-Philippe Nuel est l'un d'eux. Alors qu'il a tout juste 30 ans lorsqu'il réalise son premier boutique-hôtel, le designer est aujourd'hui une figure clé du milieu qui collabore avec les plus grands groupes internationaux, tels que Hilton, Accor, Marriott, InterContinental…

L'architecte, devenu designer d'intérieur et d'objets, revient sur l'évolution de sa carrière, ses collaborations, et partage ce qui continue de faire vibrer sa créativité.

Journal des Palaces : Vous êtes issue d'une famille de designer, de créateurs. Vous a-t-on poussé vers l'architecture, ou était-ce comme une évidence pour vous très jeune ?

Jean-Philippe Nuel : Cela a été plutôt une évidence, j’ai toujours aimé le dessin et je m’intéresse à beaucoup de choses. L’architecte est un métier de synthèse où il faut être curieux de tout. La dimension artistique et créative est importante, mais il faut également s’intéresser aux évolutions sociales et ethnologiques, car chaque projet est l’illustration de ces évolutions.

Comment définiriez-vous votre style, touche personnelle ?

Je ne cherche pas à faire deux fois le même projet, j’aime m’immerger dans un environnement pour nourrir ma création. Néanmoins, je ne renie pas pour autant ma propre sensibilité et malgré des projets très différents, nombreuses sont les personnes qui retrouvent une signature dans chacun d’entre eux.
Si je devais qualifier ce style, je pourrais parler d’élégance avec toujours la rechercher d’un « twist » : une note de décalage ou d’impertinence qui apporte de la créativité et de la singularité. Je rapproche mon travail de celui d’un écrivain qui écrit une nouvelle histoire, mais qui conserve son propre style.

Votre premier projet hôtelier a été le Clos Médicis. Comment cela s'est fait ? Aviez-vous des envies affirmées de travailler pour l'hôtellerie ?

Même si le domaine de l’hôtellerie haut de gamme m’avait toujours fasciné, comme souvent dans le métier d’architecte, il faut un concours de circonstances pour faire son premier projet.
J’avais un ami d’enfance qui avait fait une grande école hôtelière en Suisse (Pascal Beherec, propriétaire de la Villa des Orangers à Marrakech) ; sa famille a souhaité investir dans l’hôtellerie et a acquis un hôtel entièrement à rénover à côté du jardin du Luxembourg à Paris. Nous avions à peine 30 ans tous les deux et nous avons mené à bien ce projet qui était loin d’être simple, car c’était une rénovation lourde où nous n’avons conservé que la façade de l’immeuble.
Ce projet a été le point de départ de ma carrière, puisque tout juste fini, on m’a proposé d’autres projets, tout d’abord des boutiques hôtels, pour maintenant collaborer avec pratiquement toutes les grandes chaines hôtelières et faire des projets dans le monde entier. D’architecte, je suis devenu avant tout architecte d’intérieur et designer, car pour les grandes chaines anglo-saxonnes, il est difficile de tout faire.

Quelles sont les exigences qui font la particularité de l’hôtellerie de luxe ?

La particularité de l’hôtellerie de luxe est pour moi la recherche de l’excellence à tous les niveaux. Un grand hôtel doit avoir un parti pris esthétique fort qui a du sens par rapport à son environnement culturel. Je n’aime pas le luxe vulgaire d’un hôtel posé comme un objet ostentatoire.
Le luxe, c’est également la qualité des détails et des matériaux, mais là encore, je n’aime pas la surenchère. Tous les choix se font pour moi dans une quête de cohérence et de sens. La mise au point de ces détails est aussi mise au service de l’exploitation pour garantir un vieillissement qui demeure qualitatif. C'est une particularité de l’hôtellerie par rapport au résidentiel de luxe qui n’a pas les mêmes contraintes d’usage.

Vous concevez parallèlement des objets, et avez notamment collaboré avec Concrete LCDA, Ligne Roset ou encore Pierre Frey. Comment naissent ces collaborations ? Qu'est-ce qui vous attire dans le design d'objets ?

Les collaborations se font généralement autour d’un projet. Un nouvel hôtel est souvent l’opportunité de développer le design de mobilier pour répondre à un besoin spécifique ou pour signer le projet avec du mobilier jamais vu.
Le choix d’un mobilier peut être très emblématique du positionnement et de l’identité d’un projet. Le design de mobilier est la possibilité dans ce cas de maîtriser toutes les échelles, de l’architecture aux objets, et ainsi garantir l’harmonie et la cohérence d’un projet.

Qu'est-ce qui vous inspire le plus et qui vous permet de vous renouveler ?

Tout m’inspire, je pense qu’il faut être à l’écoute de ce qui nous entoure ; d’une façon plus spécifique, la littérature ou le cinéma sont des sources d’inspiration.
J’aime voir les projets comme des personnages de roman avec leur personnalité, leurs traits de caractère, j’aime les visualiser, c’est une première matérialisation du projet avec des couleurs, des matières.
Le cinéma est également une source d’inspiration ; dans ce cas, le projet est comme les premiers plans d’un film dans lequel on pénètre. C’est important de voir si une atmosphère saisit le visiteur ou le spectateur. Créer des lieux porteurs d’émotion reste l’un des principaux objectifs.

Quel projet ou objet a une place particulière dans votre cœur ?

Chaque projet est un peu comme l’un de ses propres enfants ; chacun est différent, mais l’on manque de discernement pour voir leurs qualités comme leurs défauts. Petit ou grand, chaque projet conserve une place dans mon cœur.

Salle à manger Mauresque - Château Hôtel Grand Barrail, Saint-Émilion, France

Salle à Manger Mauresque - Château Hôtel Grand Barrail, Saint-Émilion, France
Crédit photo © Studio Jean-Philippe Nuel




Intercontinental Hôtel Dieu, Lyon, France
Crédit photo © Nicolas Matheus / Studio Jean-Philippe Nuel



Boutique Hôtel Le Cinq Codet, Paris, France
Crédit photo © Gilles Trillard / Studio Jean-Philippe Nuel



À propos de l'auteur

Amoureuse des rencontres humaines, Sonia a d’abord développé une carrière dans les médias, avant de s'installer à Londres et de se réorienter dans l’envers du décor digital. Comme une vocation, elle a repris sa plume pour partager la passion et les ambitions de l’hôtellerie de luxe.

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