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CORONAVIRUS (ET AUTRES MAUX) : 2020, ANNÉE NOIRE POUR LE TOURISME MONDIAL

Par Anne Gombault, Professeur de management, Directrice du centre de recherche Industries Créatives Culture et du MSc Arts & Creative Industries Management à KEDGE

CORONAVIRUS (ET AUTRES MAUX) : 2020, ANNÉE NOIRE POUR LE TOURISME MONDIAL

Par Anne Gombault, Professeur de management, Directrice du centre de recherche Industries Créatives Culture et du MSc Arts & Creative Industries Management à KEDGE

Catégorie : Monde - Économie du secteur - Tendances, avis d'expert
Ceci est un communiqué de presse sélectionné par notre comité éditorial et mis en ligne gratuitement le 24-04-2020


La crise sanitaire du coronavirus, décrite statistiquement en temps réel par la John Hopskin University, attaque fortement l’économie mondiale et en premier lieu l'industrie du tourisme. L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) anticipe une baisse de 300 à 500 milliards de dollars des recettes touristiques en 2020, soit un tiers de 1500 milliards générés en 2019. La France pourrait abandonner jusqu’à 40 milliards d’euros par trimestre. Partout dans le monde, des millions d’emplois sont menacés dans le secteur. Anne Gombault et ses co-auteurs Claire Grellier Fouillet et Jérémy Lemarié analysent les conséquences drastiques de la crise pour le tourisme mondial, les problématiques stratégiques qu’elle souligne et l’opportunité de transformation et d’apprentissage qu’elle offre.

Facteurs structurels amplifiant la crise

Premier facteur : Au départ, la crise affecte les touristes les plus dépensiers au monde, les Chinois, loin devant les américains.

Deuxième facteur : la crise s’attaque ensuite à la première destination mondiale : l’Europe. En 2018, le continent a accueilli 672 millions de touristes, la moitié des arrivées internationales dans le monde. Le tiers des touristes voyagent en Italie, France et Espagne, trois pays dans le top 6 des pays les plus affectés par le coronavirus, avec des destinations phare comme Venise, Florence, Paris, Milan.

Troisième facteur plus lent à venir mais probablement plus fort, le processus de décision d’achat des vacances. La décision est risquée en raison de la nature de service du tourisme : il n’est pas possible de l’essayer avant de l’acheter et c’est un investissement important qui nécessite recherche d’informations, comparaison des prix, des destinations. C). L’ensemble du secteur est entré dans une phase de décroissance avec moins 3% à moins 12% de touristes suivant les zones d’après l’Organisation Mondiale du Tourisme.

Problématiques stratégiques générale du tourisme

Bien que la crise du coronavirus ait des effets destructeurs à court terme sur l’industrie du tourisme, cet épisode pandémique, peut aussi être considéré comme le point d’arrivée d’un état de vulnérabilité plutôt que le point de départ d’une période de déstabilisation.

La recherche se montre active sur la remise en cause des pratiques du tourisme et dresse le constat d’une succession de problématiques liées aux mouvements de population dans le cadre des activités de loisirs.
  • Première problématique, l’étonnante faiblesse de la gestion des risques pour une industrie qui devrait être hautement fiable.
  • Deuxième problématique liée, la globalisation virale. Tout comme les touristes, les maladies passent au-dessus des frontières, parcourent des milliers de kilomètres et mettent en danger les populations les plus vulnérables.
  • Troisième problématique, l’overtourism (« surtourisme »), présenté par la recherche comme l’un des plus grands maux du tourisme de masse. Il se caractérise par un nombre trop important de vacanciers qui dégradent les écosystèmes, les sites, les conditions de vie des résidents, et l’expérience des visiteurs.
  • Enfin, une autre problématique concerne la pollution liée à l’activité. L’usage unique des biens de consommation des passagers en transit ou les transports routiers sont en cause, mais ce sont les émissions carbone de l’aviation civile qui font le plus l’objet de vives critiques.

Une opportunité pour un nouveau tourisme

La crise du Covid-19 pose la question du sens d’un tourisme globalisé et invite à repenser l’industrie du tourisme dans une approche critique. Plusieurs pistes de transformation sont à étudier.

L’idée générale serait d’aller vers un tourisme responsable, durable et innovant socialement, qui se structure sur l’identité des territoires (non délocalisable) et qui les dynamisent tout en respectant la qualité de vie des habitants la valeur expérientielle et mémorable du voyage.

Pour éviter l’overtourism, les hauts lieux du tourisme devraient prendre des mesures de régulation des flux comme le font déjà Barcelone, Les Cinque Terre, Venise, Dubrovnik, l’Islande, etc.

Le développement d’un tourisme créatif et plus inclusif est à développer pour éviter une concentration des activités sur les hotspots et impliquer les habitants dans l’activité. La participation des visiteurs dans des expériences culturelles et créatives qui reflètent l’identité du territoire et impliquent une co-création des habitants et des touristes.

La tendance du staycation et du slow tourism s’intensifient. Les voyageurs voient le tourisme de proximité comme un bon moyen pour maximiser le temps de vacances, en évitant un transport long, impactant sur l’environnement et coûteux.

Le e-tourisme en développement depuis les années 2000 explose depuis le début de la crise en Chine : accélération du digital heritage, diffusion en ligne de spectacles ou même d’événements diffusées sur Internet en direct. Les opérateurs développent des contenus digitaux de qualité pour éviter le déplacement des foules.

La crise du coronavirus peut bouleverser les pratiques et permettre d’accélérer la transformation d’une industrie encore très conservatrice.

Lire l’intégralité de la tribune d’Anne Gombault et Claire Grellier Fouillet : https://theconversation.com/coronavirus-et-autres-maux-2020-annee-noire-pour-le-tourisme-mondial-133852

Anne Gombault et Claire Grellier Fouillet se tiennent à votre disposition pour toute demande d'interview ou reportage sur ce sujet d'actualité.


A propos d'Anne Gombault

Anne Gombault est Professeur de management à KEDGE Business School, où elle dirige le centre d’expertise Industries Créatives Culture à Bordeaux et le MSc Arts & Creative Industries Management à Paris. Elle est également responsable pédagogique de la partie française pour Kedge de l’Institut Franco-Chinois de Management des Arts et du Design à Shanghai, qui vient d’ouvrir en partenariat avec Central Academy of Fine Arts (CAFA) pour la partie chinoise, KEDGE et l’Université Paris-Sorbonne pour la partie française. Ses travaux de recherche portent sur l’identité organisationnelle, le comportement et la stratégie des organisations artistiques, culturelles et des industries créatives en général. Elle a mené des travaux pour différentes institutions, dont l’Europe, le Ministère de la Culture en France, le Musée du Louvre, des régions et des villes dans différentes régions du monde. Elle a publié ses travaux en France et à l’international. Elle a notamment contribué à l’histoire organisationnelle contemporaine du Musée du Louvre. Son dernier article, à paraitre dans International Journal of Arts Management, décrit la crise de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Elle est membre du conseil honorifique de l’Association Internationale de Management des Arts et de la Culture. Elle est membre du conseil d’administration du Musée National des Arts Asiatiques Guimet et du fonds de dotation Aquitaine Culture.


A propos de Claire Grellier Fouillet

Claire Grellier Fouillet est coordinatrice pédagogique pour le centre d’expertise Industries Créatives Culture de KEDGE Business School. Elle s'occupe notamment du MSc Arts & Creative Industries Management. Elle est doctorante en sciences de gestion, inscrite en thèse à l’Université de Bourgogne, sous la direction de Dominique Bourgeon-Renault et Anne Gombault. Sa thèse traite du comportement des entrepreneurs innovants dans le tourisme en France. Ses intérêts de recherche et d'enseignement se situent dans les domaines suivants : entrepreneuriat, innovation, digitalisation, tourisme créatif et durable, industries créatives.


A propos de KEDGE

KEDGE Business School est une Ecole de management française de référence présente sur 4 campus en France (Paris, Bordeaux, Marseille et Toulon), 3 à l’international (2 en Chine à Shanghai et Suzhou, et 1 en Afrique à Dakar) et 3 campus associés (Avignon, Bastia et Bayonne). La communauté KEDGE se compose de 14 800 étudiants (dont 25% d’étudiants étrangers), 192 professeurs permanents (dont 44% d’internationaux), 291 partenaires académiques internationaux et 70 000 diplômés à travers le monde. KEDGE propose une offre de 36 formations en management et en design pour étudiants et professionnels, et déploie des formations sur-mesure pour les entreprises au niveau national et international. Membre de la Conférence des Grandes Ecoles et accréditée AACSB, EQUIS et AMBA, KEDGE est une institution reconnue par l'Etat français, avec des programmes visés, et labellisée EESPIG. KEDGE est classée par le Financial Times 31ème meilleure Business School en Europe et 39ème mondiale pour son Executive MBA.



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