INTERVIEWS : JULIE BONNOT : "J'AI CRÉÉ JB GOUVERNANTE CET ÉTÉ, CAR IL Y A UNE RÉELLE ATTENTE DE LA PART DES HÔTELIERS" (France)
Ancienne Gouvernante au sein de palaces prestigieux, Julie Bonnot, consacrée Meilleur ouvrier de France en 2019, a créé sa propre structure, JB Gouvernante, pour prodiguer ses conseils aux hôteliers qui en ont besoin. Interview d'une femme d'affaires très sollicitée. |
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INTERVIEWS : JULIE BONNOT : "J'AI CRÉÉ JB GOUVERNANTE CET ÉTÉ, CAR IL Y A UNE RÉELLE ATTENTE DE LA PART DES HÔTELIERS" (France)
Ancienne Gouvernante au sein de palaces prestigieux, Julie Bonnot, consacrée Meilleur ouvrier de France en 2019, a créé sa propre structure, JB Gouvernante, pour prodiguer ses conseils aux hôteliers qui en ont besoin. Interview d'une femme d'affaires très sollicitée. |
Catégorie : Europe - France - Interviews -
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Interview réalisé par Guillaume Chollier le 09-12-2021
Après avoir passé 10 ans de sa vie au sein des palaces de Courchevel, de Saint-Jean-Cap-Ferrat, du Castelet ou des Baux-de-Provence, en tant que responsable lingerie, gouvernante d’étage et enfin gouvernante générale, Julie Bonnot a décidé de donner une nouvelle orientation à sa carrière professionnelle.
Cette Bretonne d’origine, qui a grandi dans le sud de la France souhaite désormais transmettre son expérience, son savoir-faire et ses compétences. Sa collaboration avec l’école hôtelière ICI ICARE, où elle enseigne la gouvernance, atteste de cet engagement à transmettre ses connaissances.
En créant JB Gouvernante, elle met en pratique ce vœu pieux de transmission et prodigue, avec enthousiasme, conviction et réussite, ses conseils avisés en termes de conseil et de formation aux établissements qui la sollicitent.
Pour le Journal des Palaces, celle qui a décroché le titre de Meilleur ouvrier de France en 2019, se confie sur sa nouvelle vie, qu’elle croque à pleines dents.
Le Journal des Palaces : Quel a été votre parcours ?
Julie Bonnot : J’ai débuté dans le milieu de l’hôtellerie de luxe il y a une dizaine d’années après l’obtention de mon BTS, à Nantes. J’ai ensuite enchaîné les saisons entre Courchevel et Saint-Jean-Cap-Ferrat au cours desquelles j’ai alterné les postes de responsable lingerie et de gouvernante d’étage. À la suite de cela, j’ai participé deux ouvertures d’hôtels : L’Apogée, à Courchevel, il y a 8 ans et le Domaine de Manville, aux Baux-de-Provence.
Pourquoi avoir décidé de quitter cette profession pour vous lancer dans l’entreprenariat ?
J’ai obtenu le titre de Meilleur ouvrier de France en 2019. Suite à cela, j’ai reçu énormément de sollicitations d’hôteliers qui me demandaient conseil. Mais le fait que je sois sous contrat auprès d’un hôtel ne me permettait pas de répondre positivement à ces sollicitations, en tout cas pas de pouvoir faire une activité qui génère du chiffre d’affaires. De plus, je suis très attachée à la transmission, j’aime beaucoup les nouveaux projets, ne pas faire les mêmes choses au quotidien. Enfin, il y a eu le Covid et ses conséquences pour les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et tous ceux qui y travaillent. J’ai donné naissance à un charmant petit garçon l’année dernière. Tous ces éléments m’ont donné l’opportunité de prendre un virage et de donner un nouveau sens à ma carrière.
Travailler pour soi ne demande-t-il pas davantage d’investissement personnel ?
Aujourd’hui je m’aperçois qu’il m’est plus aisé de conjuguer vie personnelle et vie professionnelle au travers de cette nouvelle carrière. Et je me sens plus épanouie : je suis plusieurs projets différents avec des clients distincts. Cela m’oblige à m’adapter à des contextes divers, j’apprends au contact de personnes enrichissantes et cela me plaît beaucoup. Je suis également plus libre de transmettre. Cette liberté m’est chère.
Avez-vous suivi une formation spécifique en la matière ?
Je me suis appuyée sur mes acquis s’agissant des gestes métier, parce qu’avec la préparation du concours de Meilleur ouvrier de France, j’ai consolidé et développé de nombreux savoir-faire qui me permettent d’asseoir mes compétences. Concernant la partie entrepreneuriale, je possède des connaissances solides puisque mes parents sont chefs d’entreprise. Pour les développer, j’ai fait le choix d’intégrer une couveuse d’entreprises, ce qui m’a permis de suivre toutes les formations nécessaires. Tout au long de mon parcours, j’ai été accompagnée, ce qui est à la fois sécurisant et très formateur.
En quoi votre titre de Meilleur ouvrier de France, décroché en 2019, est un atout lorsque vous rencontrez vos clients ?
Pour eux, cela représente à la fois une bonne expertise du métier et l’excellence. C’est aussi la garantie d’avoir face à soi quelqu’un de très investi, puisque, me concernant, ce concours a nécessité 2.000 heures de travail sur deux ans, dont la majorité ont été consacrées à la réalisation de mon œuvre pour ce concours. Les clients ont ainsi la certitude d’avoir quelqu’un d’engagé face à eux. Pour eux, c’est aussi une fierté d’avoir été formés par quelqu’un qui est reconnue dans le métier et qui le met en valeur au quotidien. Ce titre de meilleur ouvrier de France apporte du crédit aux conseils ou aux formations que je dispense à mes clients.
En quoi ce titre est une fierté ?
J’en suis d’autant plus fière de ce titre que nous sommes seulement sept à l'avoir obtenu au travers des épreuves, plus celle qui a créé le concours des gouvernantes, qui a été nommée à titre honorifique. Hors du crédit qu’apporte ce titre, je me rends compte qu’il y a un besoin important parce que beaucoup d’hôtels ont besoin aujourd’hui de conseils sur la partie hébergement et qu’il leur est difficile d’avoir des réponses adaptées par manque de structures dédiées. Le client peut poser ses questions,
Qu’apportez-vous aux hôtels qui vous sollicitent ?
Dans presque tous les cas, je débute par une phase d’audit opérationnel adapté à leurs besoins afin de pouvoir proposer tous les axes de travail et les améliorations que nous allons pouvoir apporter ensemble. Je propose aussi de la formation pour les équipes, ainsi que de l’accompagnement aux responsables, notamment sur les phases de travaux et de rénovation de l’hôtel afin d’améliorer le confort au travail des équipes, le confort du client ou encore l’organisation du service. Mon œil neuf et l’expertise accumulée tout au long de ces 10 années d’expérience sont appréciées. Le but est aussi de leur faire gagner du temps. Je peux donc également élaborer leurs procédures avec eux, mettre en place des demandes spécifiques ou intervenir dans la partie achats en contactant les prestataires de linge ou de matériel : matelas, lits, tables…. Nous travaillons à la carte, en quelque sorte.
Quels sont vos clients ?
Principalement le secteur de l’hôtellerie de luxe 4 ou 5 étoiles en ce qui concerne le domaine de l’ingénierie conseil. Les palaces sont davantage intéressés par mes services pour la formation. Les campings de luxe 5 étoiles ou les entreprises de nettoyage qui ont besoin de procédures adaptées selon leurs clients font également appel à moi. Tout ce qui touche l’entretien ou l’accueil d’un client dans un hébergement.
Que recherchent les clients qui font appel à vous ?
Le profil type est un directeur d’hôtel 4 ou 5 étoiles, un chef d’entreprise ou responsable d’hébergement, qui a un souhait de développer l’expérience client et qui n’a pas forcément le temps ou la compétence. En me sollicitant, il souhaite se faire accompagner pour déléguer une partie du travail. En termes de nombre de journées vendues, le conseil est ce pour quoi je suis le plus sollicitée, avant la formation.
Comment aidez-vous vos clients en matière de recrutement ?
Je ne vends pas de prestation de mise en relation. Ce n’est pas mon métier et aujourd’hui, le recrutement, c’est très compliqué. Et il est très difficile, en termes de référencement, de proposer une ou une candidate pour un poste, même si on est convaincu à 100 % de sa fiabilité. En revanche, moi, je travaille, lors de mes formations, pour faire en sorte que les collaborateurs soient reconnus au sein de l’équipe, soient encouragés et valorisés afin qu’ils aient envie de revenir d’une saison à l’autre et que l’établissement n’ait pas un turnover trop important chaque année.
Avez-vous constaté une évolution dans les attentes des collaborateurs ?
Oui, on s’aperçoit que les générations ont changé et les priorités ont évolué. Aujourd’hui, le personnel accorde davantage d’importance aux conditions de travail qu’au salaire. Il recherche un équilibre entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Il a besoin d’une ambiance de travail apaisée et de qualité pour effectuer correctement son travail.
Quelles orientations souhaiteriez-vous développer au sein de votre société ?
J’ai créé JB Gouvernante cet été, car il y a une réelle attente de la part des hôteliers. J’ai très vite été victime de mon succès et n’ai donc pas encore beaucoup de recul par rapport à un éventuel développement. Néanmoins, je m'intéresse à la RSE et à l’écologie, sur la partie conseil de mon activité. Tout d’abord parce que c’était le sujet de mon œuvre au concours de Meilleur ouvrier de France. C’est un sujet qui, non seulement me touche beaucoup, mais qui est aussi d’actualité et qui devient incontournable. Des lois en la matière seront probablement promulguées et obligeront à l’avenir les établissements à conduire de vraies politiques RSE. Or, c’est une démarche qui est longue et coûteuse. Alors, autant l’engager suffisamment tôt pour pouvoir la mener à bien sereinement.
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