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INTERVIEW – ANTOINE SOOTS, RESPONSABLE DES RESSOURCES HUMAINES POUR LES RÉGIONS FRANCE, BÉNÉLUX ET SUISSE, CYCAS HOSPITALITY : « EN FRANCE, NOUS SOMMES VRAIMENT AU DÉBUT DE L'ENVOL DU DÉVELOPPEMENT »

Gestionnaire hôtelier depuis 2008, Cycas Hospitality ne cesse de grandir sur le continent européen et nourrit de grandes ambitions pour les années à venir.

INTERVIEW – ANTOINE SOOTS, RESPONSABLE DES RESSOURCES HUMAINES POUR LES RÉGIONS FRANCE, BÉNÉLUX ET SUISSE, CYCAS HOSPITALITY : « EN FRANCE, NOUS SOMMES VRAIMENT AU DÉBUT DE L'ENVOL DU DÉVELOPPEMENT »

Gestionnaire hôtelier depuis 2008, Cycas Hospitality ne cesse de grandir sur le continent européen et nourrit de grandes ambitions pour les années à venir.

Catégorie : Europe - France - Carrières - Interviews - Recrutement, emploi, formation - Interviews
Interview réalisé par Christopher Buet le 19-07-2023


Le spectacle a quelque chose de fascinant. Là, par-delà les fenêtres de verre, se déroule un ballet quasi permanent, des géants d’acier s’élançant à l’assaut des cieux, s’arrachant à la gravité comme des danseuses. Un spectacle auquel ont accès les clients du Hyatt Place et du Hyatt House depuis 2020 et ceux des Courtyard et Residence Inn de Marriott depuis un peu plus d’un an. Au-delà d’une vue imprenable sur les pistes de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, ils ont deux autres points communs. Le premier est d’être des double-marque, à savoir deux établissements de marques différentes regroupés au sein d’un même bâtiment. Le second point commun réside dans leur gestion assurée par Cycas Hospitality, dont l’influence croît ces dernières années.

Fondée en 2008, la société britannique s’est d’abord fait un nom au Royaume-Uni en s’associant dès 2010 à IHG pour un premier hôtel à Liverpool avant, en 2012, d’exploiter deux établissements du groupe qui serviront de base arrière aux nageurs britanniques et au comité paralympique durant les Jeux Olympiques de Londres. Cycas inaugure alors la double-marque, qui deviendra une de ses signatures. L’aventure prend une nouvelle tournure en 2017 avec l’entrée au capital du Thaïlandais Hua Kee. Cycas se tourne alors vers l’international et part à la conquête de nouveaux marchés sur le continent, en commençant par Amsterdam (Pays-Bas), en 2018, où il installe son siège social.

L’investisseur asiatique prend le contrôle de Cycas en 2019, profitant du retrait des fondateurs, et appuie encore la stratégie d’expansion de l’entreprise. Entre 2020 et 2021, il fait ouvrir 17 nouveaux établissements, puis s’associe à Interglobe, un des leaders du marché indien, pour étoffer son portefeuille, désormais garni de 44 hôtels, dont le luxueux Reichsof à Hambourg, et plus de 6.000 chambres, répartis dans 12 pays différents en Europe (Grande-Bretagne, France, Belgique, Danemark, Allemagne, Suisse, Espagne, Autriche, République Tchèque, Roumanie, Hongrie et Pays-Bas).

Pour soutenir sa croissance importante, Cycas Hospitality a donc dû augmenter ses effectifs. Une opération à laquelle participe Antoine Soots depuis plus de trois ans. Formé à l’Ecole Hôtelière de Lausanne (EHL) et passé par la Polynésie française et Courchevel, le responsable des Ressources Humaines pour le Bénélux, la Suisse et la France s’est confié au Journal des Palaces pour évoquer la stratégie de développement de Cycas Hospitality et les raisons qui font que, dans le classement annuel de Carterer Magazine, elle figure, depuis 2018, parmi les 30 entreprises hôtelières où il fait le mieux travailler.

Où en est l’implantation de Cycas en France et en Europe ? De nouvelles ouvertures sont-elles au programme, si oui lesquelles ?

Quand je suis arrivé chez Cycas Hospitality le 13 janvier 2020, nous n’avions pas de bureau. Nous étions en quelque sorte des éclaireurs (ndlr : avec Luc Vicherd vice-président des opérations France, Benelux et Suisse). Aujourd'hui nous avons deux hôtels sur la zone de Roissy : une double enseigne Marriott (Courtyard et Residence Inn) de 430 chambres et une autre avec Hyatt.

Nous ouvrirons un Moxy, avec Marriott, à Clamart en décembre et un nouvel Hyatt Place à Rouen en janvier 2024 puis bon nombre de projets sont aussi dans les tuyaux. Je n’ai pas le droit de parler de tous mais il va y avoir en 2025 pas mal d’ouvertures au Havre, toujours avec Moxy et Marriott, en Suisse également avec le groupe IHG et bien d’autres suivront !

En France, nous sommes vraiment au début de l'envol du développement. Chez Cycas, nous avons presque doublé de taille en l'espace de deux ans. Nous n’en resterons pas là, c'est évident.

Quelle est la politique de recrutement du groupe ?

Nous voulons nous décaler de ce qu'on connaît depuis toujours dans l'hôtellerie. Nous n’avons pas le choix avec l'état du marché de l'emploi aujourd'hui dans notre secteur. Nous sommes obligés de recruter des personnalités, des profils avant des compétences. Nous sommes prêts à former.

C'est un groupe qui valorise ses collaborateurs, donne sa chance et promeut en interne. Nous sommes très attentifs au développement des collaborateurs et à la formation. Nous avons un programme de formation interne, Cycas Cyfari. Tous les ans, nous sélectionnons quelques collaborateurs pour passer à un niveau supérieur. Ce programme dure un petit peu moins d'un an et forme sur différentes thématiques : RH, commerce, vente, revenu, finance, etc.

Les collaborateurs sélectionnés peuvent-ils choisir le contenu ?

Non, nous avons mis en place un programme particulier à l'échelle du groupe. Ils doivent travailler un projet et au terme de la formation, chacun présente le sien au comité exécutif du groupe. Ensuite, les projets retenus sont mis en place par le groupe. Cela traduit une volonté de Cycas de faire grandir ses équipes.

Aujourd'hui, nous avons promu une bonne dizaine de personnes sur des postes aussi bien opérationnels que de managers.

Comment comptez-vous vous démarquer encore ?

Nous privilégions un environnement de travail très positif avec une vraie qualité de vie, une atmosphère cordiale. Fini les costards cravates chez nous. Nous adoptons une approche plus jeune et décalée et nous nous présentons comme ça quand nous allons dans les écoles pour recruter.

Nous misons sur les écoles et un recrutement local, du moins sur la zone de Roissy où nous avons un gros foyer de population. Nous avons pour objectif de démarcher des écoles du Nord qui peuvent facilement rejoindre Roissy par train par exemple depuis Amiens ou Lille.

Quels liens entretenez-vous avec les écoles ?

Nous avons ouvert en 2020 juste avant le COVID-19 et tout a été gelé sur cette période. Nous sommes dans la première année d’exploitation pure et dure. Nous démarchons maintenant les écoles, nous allons à leur rencontre pour se présenter. Nous essayons de participer aux différents salons localement et l’idée est d’en faire de plus en plus.

Pourrait-on résumer votre stratégie comme celle de prendre avant tout des jeunes diplômés et ensuite de privilégier la promotion interne ?

C'est une des idées mais nous sommes ouverts à tout type de profil bien sûr, car aujourd'hui, le marché du travail est ultra concurrentiel. Il faut se constituer des réseaux et c'est ce qu'on tâche de faire.

Est-ce que le fait qu’on vous ait donné votre chance en RH alors que vous étiez sans expérience, participe aussi à votre sensibilité aux profils atypiques ?

Oui inconsciemment. Je ne suis pas réfractaire à recruter quelqu'un de jeune. Je vais recruter un potentiel, une personnalité, quelqu'un de motivé avec un bon état d'esprit et je suis prêt à passer du temps à la former.

Quel regard portez-vous sur l’évolution récente du secteur de l’emploi dans l’hôtellerie de luxe ?

Le monde du travail a changé au moins deux ou trois fois ces dernières années. Les mentalités n’ont absolument plus rien à voir et la nouvelle génération est totalement différente de ce à quoi nous avions pu être habitués dans le passé.

Comment les hôteliers doivent-ils s’y adapter ?

Il faut essayer de dévier de certaines pratiques que nous avions avant et qu’il convient d'oublier. Aujourd'hui, vous devez offrir de la qualité de vie au travail. Une gestion du temps de travail digne de ce nom, des packages dynamiques. Vous devez faire attention à l’équilibre vie professionnelle -vie personnelle parce que les nouvelles générations y sont très sensibles. C'est quelque chose que nous avons bien réussi et qui plaît dans nos hôtels.

Nous échangeons beaucoup avec nos collaborateurs, nous passons du temps avec eux. Nous avons un engagement calendar, par exemple, avec des événements organisés sur une base très régulière. Notre politique RH est dynamique au quotidien. C’est une chose que j’ai apprise au K2 où il y avait une vraie expertise.

Comment fonctionnez-vous chez Cycas ?

Nous avons des barrières hiérarchiques plutôt faibles, avec un management très accessible. Si vous voulez discuter avec le vice-président des opérations, il vous recevra.

Nous organisons des réunions d'information régulières, qu'on appelle cycadettes meeting où nous expliquons ce qui se passe dans l'hôtel, quels sont les projets, nous leur communiquons les chiffres, les faisons travailler sur des projets. Nous avons mis en place un comité green. Un comité staff party a organisé notre dernière soirée. Nous les impliquons dans la vie de l’hôtel.

Cette manière de fonctionner constitue-t-elle un atout pour vous aux yeux des candidats ?

Clairement car il y a des opportunités partout et ils ont le choix. Au printemps 2022, le recrutement a été très, très dur. Depuis ce printemps, il y a un regain de dynamique mais le marché est très exigeant et concurrentiel, il faut se faire sa place avec une offre différenciante. Nos possibilités de développement en sont une. Vous pouvez intégrer l’entreprise et vous projeter dans une logique de progression. Demain, par exemple, nous ouvrons un hôtel Hyatt à Rouen. Ce sera une grosse machine dans une ville sympa, proche de Paris, dans un bâtiment historique. Ça, ça donne envie. Le côté ouverture intéresse.

Vous affichez une belle dynamique avec des ambitions d’ouvertures. Comment voyez-vous évoluer vos effectifs ?

Nous allons recruter des équipes pour nos nouveaux hôtels. Nos hôtels ouverts récemment commencent à tendre vers leur vitesse de croisière. Nous n'y sommes pas encore, mais il y a une montée en charge et les équipes devraient être amenées à se renforcer. Je pense aussi qu'à l'avenir, au niveau de la structure encadrante avec le développement prévu, nous aurons aussi des besoins.
Sur nos hôtels de Roissy, nous avons un effectif d’environ 150 personnes, hors housekeeping qui est sous-traité, et cela va évoluer.

Quelle place accordez-vous au recrutement de compétences à l’extérieur ?

Une équipe, c'est aussi un mélange. Si on accorde la chance aux jeunes potentiels, c'est une chance limitée. Ils sont encadrés et guidés par des personnes expérimentées, bien évidemment, et, pour les postes de développement et de direction au niveau régional, nous recherchons des profils confirmés hors de Cycas.

Quels sont les profils les plus difficiles à recruter ?

Les postes de middle manager sont les plus délicats par manque de candidats, d’un marché ultra-concurrentiel et du turnover. Sur ces postes opérationnels, il y a un turnover plutôt naturel en quelque sorte. La réception, c'est très compliqué aussi comme les postes de maître d'hôtel ou en maintenance.

Cela fonctionne beaucoup par réseau. En fait, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas forcément pour projet de bouger, donc ils ne sont pas disponibles sur le marché du travail, et il faut aller à eux. Ça prend beaucoup de temps mais c'est comme ça que nous arrivons à recruter sur ces postes compliqués.

Quel accompagnement et quelle intégration faites-vous des nouveaux salariés ?

Nous sommes plutôt fort sur le sujet du onboarding puisque chaque collaborateur reçoit en amont un email où nous essayons d'avoir un langage moins formel que d'habitude.

Derrière, nous proposons des journées d'induction, une par mois, à laquelle tous les nouveaux sont invités à participer. Nous y présentons le groupe, des formations (sécurité…) également. Nous mangeons tous ensemble au restaurant, nous faisons une grande visite de l'hôtel. Nous allons plus dans le détail.

Nous avons aussi le Cycas Journey. Pendant la période d’essai, nous faisons trois reviews. Une à l’issue de la première semaine pour demander au collaborateur comment se sont passés l’accueil et les premiers jours, s’il lui manque quelque chose. Ça permet tout de suite de prendre la température et de rectifier le tir si besoin. Nous faisons la même chose à la moitié de la période d’essai et enfin avant la fin de la période d'essai où nous faisons le point et décidons ensemble si oui ou non, nous renouvelons ou pas le contrat.

Qu’en est-il de vos démarches de offbording ? Est-ce une dimension que vous avez prise en compte ?

Nous faisons un exit interview avec un système de formulaire mais nous devrions travailler davantage sur le sujet. L'idée, ça serait peut-être de développer un outil qui nous permettrait de faire une enquête inversée pour savoir pourquoi les collaborateurs partent et de constituer une base de données à exploiter comme pour notre outil d’enquêtes de satisfaction qui nous donne des courbes de tendance, les sujets sur lesquels les collaborateurs sont satisfaits, ceux où il y a un risque d'insatisfaction, etc.

Quels autres éléments souhaiteriez-vous améliorer ?

Nous avons des pistes pour encore améliorer l'équilibre vie pro - vie perso des collaborateurs, des éléments qu'on n'a pas l'habitude de voir dans le secteur de de l'hôtellerie, comme le 4-3. Ce n’est pas à l’ordre du jour mais nous y réfléchissons.

Quels avantages proposez-vous chez Cycas pour fidéliser vos collaborateurs ?

Nous avons les avantages des marques, avec des tarifs avantageux dans le monde entier, chez Marriott ou chez Hyatt, la même chose chez Cycas. Nous avons une prise en charge des titres de transport à hauteur de 70 %, une mutuelle compétitive dont nous avons de très bon retours. Il y a aussi des primes d’objectifs, d’incentive sur certains postes opérationnels. Notre Hyatt est un hôtel dog friendly.

Nous faisons aussi un certain nombre de petits gestes au quotidien avec des petits déjeuners, des déjeuners et des goûters pour les collaborateurs. Nous distribuons des glaces quand il fait chaud, par exemple. Nos collaborateurs ont accès à une salle de sport et une fun room où ils peuvent se reposer et faire la sieste, s'amuser avec une console de jeu, lire des livres, jouer au babyfoot ou au ping-pong.

Vous avez parlé de promotions en interne. Celles-ci peuvent-elles s’opérer au niveau du groupe entre hôtels de pays différents ?

L’ADN du groupe est de faire grandir ses collaborateurs. Nous avons un bel exemple ici. Nicolas a commencé réceptionniste en Angleterre, a gravi les échelons et est, aujourd'hui, directeur d'exploitation du combo Marriott à Roissy, qui compte 335 chambres.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Les mentalités évoluent et nous allons vers quelque chose de très intéressant. Nous allons sortir du traditionnel pour épouser un modèle plus dynamique. Il y aura plus d’automatisation, de concepts fous attirant des profils différents.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui envisage de lancer sa carrière dans ce secteur de l'hôtellerie restauration ?

C'est un très beau milieu, très riche, d’une grande ouverture d’esprit et qui offre des expériences humaines et pro. Les nouvelles idées y sont les bienvenues, donc lâchez-vous et vous finirez par tomber sur quelqu'un qui vous écoutera et vous donnera votre chance ou qui vous propulsera pour vous faire grandir.

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A propos de l'auteur

Journaliste aux multiples atouts et voyageur curieux, Christopher a une grande appétence pour les établissements au raffinement soigné, où s’accordent gastronomie de caractère, service impeccable et élégance sincère. Une plume discrète et gourmande au service d’une certaine idée du luxe.


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